- Des innovations dans les procédures de réutilisation des eaux de pluie et des eaux usées
Partie intégrante du plan Eau présenté par Emmanuel Macron le 30 mars 2023, la réutilisation des eaux usées traitées (Reut) est devenue «
une solution essentielle […]
face à des épisodes de sécheresse qui s’intensifient » selon Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique.
C’est dans ce contexte qu’un
décret n° 2023-835 du 29 août dernier
relatif aux usages et aux conditions d’utilisation des eaux de pluie et des eaux usées traitées vient assouplir le dispositif de réutilisation des eaux usées traitées et des eaux de pluie.
Concrètement, ce décret :
- abroge le décret n° 2022-336
relatif aux usages et aux conditions de réutilisation des eaux usées traitées, et
- simplifie la procédure d’autorisation pour leur réutilisation.
- Concernant la simplification de la procédure d’autorisation de réutilisation des eaux usées traitées.
Pour rappel, pour être réutilisées, les eaux usées traitées nécessitent des autorisations (codifiées aux articles R. 211-129 à R. 211-137 du code de l’environnement).
Désormais, le préfet a la possibilité de
suspendre le délai d'instruction de 6 mois du dossier de demande d'autorisation d'utilisation des eaux usées traitées, mais
un avis simple sur celui-ci – et non plus conforme – des
Agences régionales de santé (ARS) est désormais requis. L’
autorisation délivrée par le préfet
n’est plus limitée à 5 ans.
Par ailleurs, le bénéficiaire de cette autorisation n’est plus tenu de transmettre un rapport annuel au préfet et au CODERST sur la mise en œuvre du projet ; il devra désormais
transmettre un bilan au moins tous les cinq ans pour présenter «
de façon qualitative et quantitative les impacts sanitaires et environnementaux ainsi qu’une évaluation économique du projet mis en œuvre ». Il est également tenu
d’informer le préfet au plus tard 1 mois avant la cessation définitive des opérations d’utilisation des eaux usées traitées.
Précisons également qu’il est
possible d’utiliser des eaux usées traitées sur d'autres départements que celui dans lequel ces eaux usées traitées sont produites. Dans ce cas,
le préfet de département du lieu de production des eaux usées traitées
informe les autres préfets concernés dès réception de la demande et conduit la procédure.
Au surplus, le décret prévoit
la possibilité de fixer, par arrêtés des ministres chargés de l’environnement et de la santé, les exigences de qualité de l’eau pour certains types d’usages, afin de simplifier et accélérer l’instruction des projets. Les deux premiers usages devraient concerner l’irrigation et l’arrosage des espaces verts. Ainsi, dès lors que les projets rentreront dans les futurs seuils ainsi définis, ils pourront être autorisés par le préfet sans passer par la procédure des avis du CODERST et de l'ARS en principe requis.
Enfin,
l'utilisation d'eaux issues d'une installation classée pour la protection de l'environnement (ICPE)
à des fins d'irrigation agricole demeure interdite et les
usages au sein des ICPE ne sont pas régis par les dispositions du décret du 29 août 2023 et
restent exclusivement déterminés « par les dispositions qui leurs sont propres ».
- Concernant les eaux de pluie
Depuis 2008, elles étaient notamment encadrées par deux arrêtés qui fixent les conditions applicables à l’intérieur et à l’extérieur des bâtiments (
arrêté du 21 août 2008), ainsi que les modalités de contrôle de ces ouvrages (
arrêté du 17 décembre 2008). Le nouveau décret encadre les
réutilisations à usage non-domestique et propose une
nouvelle définition des eaux de pluie comme étant «
celles issues des précipitations atmosphériques collectées à l’aval des surfaces inaccessibles aux personnes en dehors des opérations d’entretien et de maintenance » (article R. 211-124 du code de l’environnement).
L’utilisation des eaux de pluie est simplifiée, elle sera désormais possible
sans procédure préalable d’autorisation, sauf dans certains domaines où leur usage est prohibé, durant les heures d’ouverture au public ou pour l’arrosage des espaces verts des bâtiments.
Des textes réglementaires sont également en préparation pour aborder les eaux non-conventionnelles dans l’usage domestique et agro-alimentaire.
- Publication d’un guide pour les projets de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE)
Pour assurer une gestion équilibrée de la ressource en eau, maîtriser les pressions de prélèvement à un niveau compatible avec les objectifs environnementaux de
la directive cadre sur l’eau (DCE), et répondre aux enjeux du changement climatique,
l’instruction du Gouvernement du 7 mai 2019 relative au projet de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE) entendait donner un nouvel élan à une gestion partagée de la ressource en eau. Cette démarche de PTGE vise à prendre en charge des enjeux de
gestion quantitative de l’eau, ainsi qu’à définir puis
mettre en œuvre un programme d’actions permettant d’atteindre, dans la durée, un
équilibre entre besoins et ressources disponibles en respectant la bonne fonctionnalité des écosystèmes aquatiques.
C’est dans ce contexte qu’en août dernier, le ministère de Transition écologique et de la cohésion des territoires a publié un «
guide d’élaboration et de mise en œuvre des projets de territoire pour la Gestion de l’Eau », qui est un
outil d’aide à la mise en œuvre de PTGE à destination des porteurs et des acteurs de la démarche. Il retrace le contenu de chacune des étapes nécessaires à l’élaboration et la mise en place d’un PTGE, en attachant une attention particulière à l’établissement d’une démarche de co-construction équilibrée et à la qualité de la gouvernance à mettre en œuvre.